Des racines



Au contraire des murs érigés en masse par la main de l’homme, les arbres et la verdure poussent où bon leur semble sans aucune contrainte. Même là où l’on ne pense pas les trouver, ils se terrent, tapis sous les routes de goudron, les bâtiments comprimés, les voies ferrées des villes et des campagnes… Mais en y regardant de plus près, on remarque çà et là qu’ils ne se laissent pas faire, et c’est dans leur nature. Un ordre surnaturel gouverne leur espèce à l’allure si anarchiste, avec des buisson de ronces qui germent ici, des fleurs par là-bas, des arbres plus loin, et tout cela se mélange et se marie dans une perfection presque volontaire.
La nature instaure des instants propice aux délices de la réflexion et du repos. Elle arrête le regard d’un côté mais surprend par sa splendeur de l’autre. Il n’y a pas d’âme plus douce et réfléchie que cette harmonie paisible qui vit dans le creux d’une forêt. Et dans le silence des ombres verdoyantes, on entend chuchoter le vent qui défie et défile entre les branches, soulevant les feuilles mortes et les buissons endormis, ne s’arrêtant que pour se retrouver face à d’imposants murs qu’il essaie tant et si bien d’affaiblir. Il est dans sa nature, c’est vrai, de reprendre le dessus, et en y regardant de plus près, partout, les installations humaines sont bien faibles par rapport à l’immortalité du naturel verdoyant.